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Pourquoi l’amour dure trois ans

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ERIC 2015 107

Jeudi 5 Novembre 2015 « HERMANN »île de Malte

De retour ce soir de Londres – Gatwick, je viens d’arriver à mon logement de Sliema. Avec les problèmes causés par les printemps arabes Malte redevient une direction attractive. Le 737 étaient remplis de touristes britanniques. Ce week end j’ai visité l’île avec la voiture que la compagnie de Roberto met à ma disposition. Dans mon frigo il me reste un peu de charcuterie sous vide, deux bananes et des biscuits secs achetés à« TOWER SUPERMARKET ». J’écoute BAY RADIO sur la fréquence de 89.7 MHz en modulation de fréquence www.bay.com.mt . Je vais regarder la météorologie actuelle sur l’aéroport de LUQA : LMML 041945Z 25003KT 9999 FEW030 19/17 Q1021 NOSIG, traduction pour le grand public vent d’ouest/sud-ouest pour une force de 3 nœuds, la température est de 19° Celsius, l’humidité est de 88%, la pression atmosphérique réduite au niveau de la mer est de 1021hPa, la visibilité 10 kilomètres ou plus et quelques nuages à une hauteur de 3000ft. Je m’habitue à cette vie d’expatrié, personne ne m’attend en France. Je vais consulter ma messagerie sur mon ordinateur portable. Tiens j’ai un mail de Karine, vous vous rappelez la jolie contrôleuse aérienne militaire de la base aéronautique navale de Lorient, elle m’informe qu’elle est en permission du 19 décembre au 3 janvier et qu’elle aimerait venir visiter l’île des chevaliers. Je n’ai pas une âme de guide touristique, elle me fait penser à mademoiselle Gaud dans le roman pêcheur d’Islande de Pierre Loti. Je ne suis pas Yann le pêcheur mais Hermann le commandant de bord de Boeing 737, ancien pilote de chasse sur Mirage 2000. Ce matin j’ai lu le post d’Éric et j’ai beaucoup ri en lisant son cahier des charges, je pense qu’il veut toutes les faires fuir. Avec Karine je n’ai pas d’alternative c’est une fille honnête que je respecte nous avons les mêmes codes et les mêmes valeurs, si on va très loin en amour tous les deux, ce sera pour fonder une famille. Je suis loin des théories pseudo scientifique d’Éric comme quoi l’amour entre un homme et une femme dure trois ans. Tant pis pour les romantiques ! Selon les lois de la biologie, l’amour est un processus chimique de courte durée. Ce mécanisme est ancré dans nos gènes, c’est un programme génétique. Le comportement amoureux est né, chez l’homme, de la nécessité d’assurer la reproduction de l’espèce. Dans un monde où seuls les plus forts survivaient, il fallait protéger les bébés. Pour survivre, l’enfant a besoin de deux parents. Car un parent tout seul ne peut à la fois le surveiller, l’abriter, aller chercher à manger et se défendre contre les prédateurs. Or, le seul phénomène qui puisse obliger les deux parents à rester unis est l’amour. C’est un processus par lesquels deux adultes, mâles et femelles, se trouvent merveilleux. Non seulement au point de vouloir rester ensemble, mais aussi d’être mal quand ils sont séparés. L’alchimie cérébrale qui se produit alors crée une addiction et les rend aveugles aux défauts de l’un ou l’autre : elle leur permet de rester ensemble pour la survie de l’enfant. On pense qu’il existe des facteurs de complémentarité que notre cerveau cherche inconsciemment chez l’autre. Le rôle des odeurs a été mis en évidence. Elles traduisent des informations génétiques concernant le système immunitaire. Le raisonnement est le suivant : si j’ai un système immunitaire qui me protège de tels germes et mon partenaire un système immunitaire qui le protège de tels autres germes, notre enfant disposera d’une vaste gamme de défenses immunitaires. Mais si je prends quelqu’un qui a le même système que moi, mon enfant sera plus faible. Des expériences ont montré qu’un individu préfère quelqu’un qui a un système immunitaire très différent du sien. Les odeurs nous aident donc inconsciemment à choisir notre futur partenaire. Pour Eric il faut se remettre dans l’environnement sauvage dans lequel l’homme a évolué. La femme, biologiquement, c’est un ovule par mois. Quand cet ovule est fertilisé, elle doit consacrer neuf mois à produire l’enfant. Elle doit manger plus, elle est moins mobile, elle devra ensuite allaiter. En contrepartie de cet investissement, elle sait que son enfant porte ses gènes et les transmet à la génération suivante. Pour l’homme, c’est différent. Il produit des millions de spermatozoïdes tous les jours, et son seul rôle biologique dans la procréation consiste à utiliser un spermatozoïde pour fertiliser un ovule.  En contrepartie, il ne peut jamais être certain que l’enfant qui naît est bien le sien. Alors, il a cette espèce de doute existentiel en se demandant si ses gènes passent à la génération suivante. Ces différences biologiques entraînent des comportements différents. Parce que c’est très facile à trouver, la femme ne va pas spécialement chercher un spermatozoïde. Mais elle va chercher un partenaire capable d’un investissement matériel. Elle se dit : « Puisque c’est moi qui fais tout le travail biologique, il me faut quelqu’un qui puisse me ramener à manger et me protéger des prédateurs. » Elle va donc chercher un homme qui possède tous les signes de force : un taux de testostérone élevé, des muscles et des ressources matérielles. Un homme, lui, va chercher une femme dont il est sûr que l’enfant qu’elle portera sera de lui. Pour lui, ce n’est pas la peine d’aller avec une femme qui ne pourra pas lui donner d’enfant. Il cherchera chez elle tous les critères de beauté féminins qui sont, en réalité, des critères de fertilité : cheveux épais, peau très lisse, yeux brillants, lèvres pulpeuses. Avec l’évolution de nos sociétés notamment avec l’allongement de la durée de vie et, surtout, la contraception. Aujourd’hui, la femme peut contrôler ses grossesses et n’a donc plus besoin de choisir un homme fort ou riche. Si elle travaille, elle peut le vouloir plus maternel, apte à s’occuper des enfants. Petit à petit, les hommes qui n’ont que de la testostérone à proposer vont disparaître du marché. A ce moment-là, nos gènes changeront. On dit que vingt générations suffisent à modifier le génome d’une espèce au point de créer une nouvelle espèce. Il se peut que nous soyons en train de subir des modifications. N’empêche qu’aujourd’hui encore, une femme qui veut mener une carrière et avoir un compagnon qui s’occupe des enfants reste d’abord attirée par un homme qui possède de gros muscles. C’est une attraction première, qu’elle peut tempérer ensuite par le raisonnement. C’est tout l’art de gérer une histoire d’amour ! La programmation génétique du comportement amoureux modifie l’activité dans certaines zones du cerveau. Ces zones vont peu à peu se désensibiliser, même si des mécanismes hormonaux, comme ceux de l’ocytocine, tempèrent le processus. Progressivement, l’activité du cerveau reprend son cours normal, débarrassée de l’excitation de la période amoureuse. Cette désensibilisation intervient quand l’enfant est capable de se débrouiller tout seul, vers 3 ans. C’est son cap de viabilité, où il peut commencer à se lever, à chasser quelque chose qui le gêne ou à attraper un fruit. Dès lors, un seul parent peut suffire. Pourquoi forcer deux parents à rester ensemble s’ils ne sont plus nécessaires à l’évolution ? L’évolution se fiche de notre bonheur après la reproduction ! Je ne suis pas totalement d’accord avec Eric et j’opte plus pour cette option Si, il y a une certaine désensibilisation. Mais il y a aussi une aide biologique à la durée du couple. Même quand les récepteurs d’endomorphine sont désensibilisés, qu’ils n’induisent plus la dépendance de l’un à l’autre, il reste l’ocytocine. Quand un couple s’embrasse, se caresse, quand il fait l’amour, ou même quand il bavarde tranquillement autour d’un dîner, il y a libération d’ocytocine. Et l’ocytocine induit un sentiment de bien-être. Elle stimule le système immunitaire, elle ralentit le cœur, elle met le corps en situation d’apaisement. Les couples qui gardent ces comportements amoureux peuvent durer plus longtemps. Ils ne sont plus dans la dépendance, mais dans le bien-être. Nous avons trop étéélevés dans la culture des contes de fées. Le conte dit : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » Il ne dit jamais : « Ils vécurent heureux trois ans, puis c’est devenu plus difficile. » Du coup, quand ces trois années sont passées et que le cerveau reprend son activité normale, on regarde son partenaire et on se dit : « Mince ! Il a plein d’habitudes qui ne me plaisent pas. Pourquoi l’ai-je choisi ? Ce n’est pas le bon ! » Mais si on sait comment ça marche, on peut se dire : « On est arrivés à un stade où le cerveau est revenu à une activité normale, alors comment envisager la suite de l’histoire ? » Quand on démarre une histoire d’amour, parallèlement au processus chimique, il existe dans le couple une deuxième voie d’échanges, par la parole. Ces échanges-là impliquent d’autres parties du cerveau qui ne sont pas nécessairement endormies par l’amour. Si on se donne la peine de sonder l’autre, on peut s’enrichir d’informations concernant sa vie intellectuelle. Des études montrent une différence de qualité des échanges entre les couples qui vont durer et ceux qui ne franchiront pas le cap fatidique des trois ans. Les femmes qui disent de leur partenaire : « Il est génial », sans pouvoir donner des détails du genre : « Il connaît tous les livres et récits d’Antoine de Saint Exupéry, c’est un fan d’Etienne Daho » etc., n’auront pas un couple qui dure. Les couples qui durent sont, au contraire, ceux qui peuvent s’expliquer en détail en quoi l’un et l’autre sont merveilleux. Cette précision des informations est de bon augure pour la suite. Lors d’une expérience faite avec des couples formés depuis dix ans, on a demandé aux gens de décrire leurs partenaires. Les personnes satisfaites le voyaient toujours mieux qu’il n’était et que ses amis ne le jugeaient. Grâce aux échanges intellectuels, une modification du cerveau s’opère sur le long terme en faveur du partenaire. On ne peut pas décider de tomber amoureux et là je rejoins Eric toutes les rencontres par l’intermédiaire de site INTERNET sont vouées à l’échec. Mais on peut décider, dès le début, que l’on va interroger son partenaire, au lieu de se laisser aller à tout trouver fantastique sans regarder les points de désaccords qui gâcheraient le plaisir. Il faut savoir rester lucide, car l’amour n’est pas entièrement programmé. C’est une chose étrange, hybride, qui inclut également notre expérience individuelle. Au-delà de notre programmation d’origine, nous sommes devenus des êtres humains. Ce soir vous n’aurez pas en illustration une paire de fesses comme Eric sait si bien le faire vous vous contenterez d’une vue d’un village Maltais.

Etienne Daho - "Au Commencement"

             


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